Fin novembre 2018, une trentaine d’habitants de la commune de Warnécourt ont prêté main-forte pour la plantation, sur un terrain communal, de six pommiers, poiriers et mirabelliers de variétés anciennes et locales. Ce rendez-vous inaugurait une série de chantiers en faveur de la biodiversité organisés par le village et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) de Champagne-Ardennes.
Warnécourt, territoire pilote
La commune a en effet été désignée territoire pilote par la LPO, l’association lauréate de l'appel à manifestation d’intérêt "Trame verte et bleue" (TVB) organisée en 2018 par la région Grand Est, la Dreal Grand Est, ainsi que par les agences de l'eau Rhin-Meuse, Seine-Normandie et Rhône-Méditerranée-Corse. Une belle récompense pour Warnécourt, intégrée depuis 2017 dans le réseau de surveillance des populations d’oiseaux du ministère de la Transition écologique et solidaire. Cette année-là, Warnecourt avait créé un verger public en gestion partagée de 300 m² dans l’une des rues du village.
Haies, vergers et nichoirs à oiseaux
Sur les coteaux qui entourent le village, les vergers plus que cinquantenaires déclinaient. La commune et la LPO ont réimplanté 125 arbres fruitiers sur des terrains publics et privés. La pose de 22 nichoirs à oiseaux a été réalisée. Des haies arbustives seront également bientôt plantées le long d’un chemin et des arbres et des végétaux le long des berges du ruisseau de Warnécourt qui traverse le village afin de recréer une ripisylve (formation boisée sur les rives d’un cours d’eau). Cette opération contribue à la dépollution du ruisseau et complète le "chantier du siècle" pour la commune à savoir la réalisation d’un assainissement collectif qui a demandé deux années (2017/2019) de lourds et coûteux travaux. 4 millions d’euros financés à hauteur de 2,9 millions par l’agence de l’eau Rhin-Meuse. La station d’épuration est, bien sûr, un lagunage constitué de deux bassins plantés de roseaux.
Opération financée à 100% par l’appel à manifestation d'intérêt
L’ensemble de cette opération est financé à 100 % dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt. "Les propriétaires privés vont bénéficier de 15 à 30 fruitiers en fonction de la taille de leur terrain. Nous signons une convention avec eux dans laquelle ils s’engagent à entretenir les arbres et qui prévoit une formation à la taille, explique le maire de Warnécourt, Nicolas Poiret. Ces particuliers bénéficient d’un verger gratuitement et pourront en plus jouir des fruits et du jus qu’ils en extrairont." Les arbres réintroduits, tout autant que les nichoirs, accueilleront à terme une grande diversité d’oiseaux, tandis que les insectes profiteront des haies et des fruitiers.
Mieux connaître la biodiversité locale
Warnécourt s’est inscrite d’autant plus logiquement dans le processus de la trame verte et bleue promue par le Grand Est qu’elle fut l’une des premières communes rurales de la région à faire réaliser un diagnostic de biodiversité sur son territoire. Cette étude, menée en 2015 par des experts naturalistes associatifs, dont la LPO, auxquels se sont joints des habitants, a représenté un coût total de 5.000 euros, subventionné à hauteur de 80 % par l’agence de l’eau Rhin-Meuse.
Et détecter une espèce rare, la pie grièche écorcheur
Surtout, cette étude a éveillé la conscience de l’équipe municipale sur le patrimoine naturel qui l’entoure. Une espère rare est détectée, la pie grièche écorcheur. "Nous nous sommes alors aperçus que nous disposions d’espaces naturels très intéressants sur le plan paysager et écologique, et que la biodiversité ne demandait qu’à s’exprimer, si on l’aidait un peu !", se souvient le maire de Warnécourt.
Le diagnostic de biodiversité a également confirmé le retour des rapaces nocturnes, favorisé en particulier par l’extinction de l’éclairage public initié en 2012, et la suppression des pesticides dans les espaces publics et chez les habitants volontaires. Les économies d’électricité et d’intrants réalisées (2.000 euros par an) ont permis de financer du matériel et de la formation.
Maintenir le paysage des Crêtes préardennaises
Les préconisations formulées dans le diagnostic de biodiversité pointaient notamment la nécessité de préserver les arbres creux et tortueux dans les vergers, où aiment nicher les oiseaux, et de maintenir les mares et les haies, qui dessinent les paysages emblématiques des Crêtes Préardennaises. Cette matière facilita la rédaction en 2018 de la candidature de la LPO à l’appel à manifestation d’intérêt, construite en collaboration avec Warnécourt.
Régulièrement citée en exemple pour sa transition écologique, le village figurera bientôt dans la liste des 3.000 "Communes nature" désignées par l’agence de l’eau.
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