"Il s'agit de mettre en scène concrètement les compétences de l'agglomération, grâce à des visites de terrain." C'est ainsi que Malika Ait Gherbi, chargée de mission au cabinet du Président de la communauté d'agglomération de Plaine Commune définit les "balades urbaines" proposées depuis deux ans par la collectivité. Ces visites durent en moyenne trois heures, en partant du siège de la communauté pour se clore par un temps de débat dans la salle du conseil. A chaque thème, un mode de déplacement approprié à la compétence "mise en lumière" : à vélo lorsqu'il s'agit d'évoquer l'aménagement de pistes cyclables, en péniche (pour les voies navigables) ou encore, plus classique, à pied ou en car, comme bientôt pour aller visiter les archives nationales à Paris et le chantier d'implantation sur le territoire de Plaine Commune.
Toucher davantage de monde que le cercle des initiés
Le concept de ces balades a été inventé par la ville d'Aubervilliers à l'occasion d'un projet de rénovation d'un quartier. Il a été transféré à la communauté d'agglomération en avril 2006. "L'agglomération n'a pas de compétence de démocratie participative, en revanche son règlement intérieur et sa charte de fonctionnement stipulent les principes de démocratie participative", précise Malika Ait Gherbi. L'avantage recherché de cette forme originale de démocratie participative est d'élargir le public touché. "Le principe est d'emmener les gens dans les coulisses, de rencontrer directement les responsables et protagonistes. Cela attire plus de curieux et on peut le proposer à des cibles moins évidentes, comme des lycéens." L'inconvénient est que certains, peu aguerris à ce type de rencontres, échangent peu. "Les élus en sont parfois déçus, mais au moins les gens ont participé. Ils peuvent devenir des relais d'opinion et revenir avec moins de retenues...", estime Malika Ait Gherbi.
Une vision différente des attentes des habitants
En sortant du cadre conventionnel de la réunion-débat, avec des élus et professionnels qui savent et des habitants qui reçoivent la parole, ces balades sont censées donner matière aux habitants pour aiguiser leurs questions et interrogations. Leur caractère informel est une richesse mais aussi certainement une source d'inquiétude pour les élus, reconnaît Malika Ait Gherbi, de même qu'elle oblige les techniciens à vulgariser leurs compétences : "Beaucoup ressortent de cette expérience avec une vision différente des attentes des habitants." A l'exemple des deux sorties à vélo pour évoquer le développement de pistes cyclables (150 participants !) : "Les élus ont compris que les habitants avaient une réelle exigence, une attente sociale autour de ces nouvelles liaisons qui n'avait rien d'une mode."
Le choix des thèmes est fonction de la maturité des projets... mais aussi suspendu à la sensibilité de certains sujets, comme pour l'heure le logement ou les finances. L'organisation de la balade est orchestrée par Malika Ait Gherbi et ses collègues des villes membres. L'opération est "peu chère, mais chronophage". Elle doit surtout ne pas empiéter sur les réunions de quartier organisées dans les villes, "mais être un plus, toujours lié à l'agglomération". Les habitants y répondent (cinquante participants en moyenne), grâce à une communication bien rodée qui va jusqu'à des affiches dans les halls d'immeubles, l'invitation systématique des nouveaux habitants et d'associations ciblées selon les thèmes.
Emmannuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis
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