Après son antenne de Metz (voir notre article ci-contre du 11 mai 2011), le Centre Pompidou s'engage dans une nouvelle aventure artistique et muséographique : le Centre Pompidou mobile. Frédéric Mitterrand a en effet annoncé, le 18 mai, le lancement de cette nouvelle opération. Ce n'est pas véritablement une surprise, puisque la direction du Centre avait présenté le projet en novembre 2009. Dans son discours, le ministre de la Culture a défini le Centre Pompidou mobile comme un "outil d'aménagement culturel du territoire, instrument de sensibilisation du public exemplaire" et comme "un projet innovant qui s'inscrit dans le dialogue renouvelé que j'entends porter entre l'Etat et les collectivités locales".
"Une joie pour les populations locales"
Non sans une pointe de condescendance, Patrick Bouchain, l'architecte de la structure mobile, estime que l'arrivée de "ce petit musée modulable, transformable, mobile doit être une joie pour les populations locales. C'est un morceau du Centre partant sur les routes de France". Une joie qui n'est toutefois pas sans prix. Comme pour le Tour de France, les collectivités sont invitées à payer pour être "ville étape", mais sans l'assurance des mêmes retombées économiques. Les frais de passage dans une ville sont en effet de l'ordre de 400.000 euros. Les collectivités concernées sont invitées à prendre en charge la moitié de cette somme. Le reste de l'opération est financé notamment par les fonds affectés au défunt Conseil de la création artistique - qui avait repris le projet à son compte - et par des mécènes privés (Galeries Lafayette, Total, GDF-Suez, La Parisienne...).
Sur le plan pratique, le Centre Pompidou mobile se compose de plusieurs modules juxtaposés en aluminium et en acier, recouverts de toiles aux couleurs vives et offrant un espace d'exposition de 650 m2. Léger et flexible, l'ensemble est conçu pour s'adapter à tous les environnements, sans implantation permanente, ni investissements lourds. Les responsables du projet espèrent que cette structure accueillera environ 75.000 visiteurs à chaque étape. En dépit des affirmations d'Alain Seban, le président du Centre Pompidou, il ne s'agit pas véritablement d'une "première mondiale", puisque l'Institut du monde arabe dispose d'une structure similaire depuis l'an dernier. Il s'agit en l'occurrence du "Mobile Art" créé en 2007 par l'architecte Zaha Hadid pour Chanel, et dont cette dernière a finalement fait don à l'IMA. Mais le projet du Centre Pompidou est le plus avancé en termes de concept et de programmation. L'exposition inaugurale sera ainsi consacrée à "La couleur". Elle présentera "des œuvres majeures des plus grands maîtres de l'art moderne, de Léger, Braque, Matisse, Picasso, Calder... ainsi qu'une installation de l'artiste contemporain Olafur Eliasson".
Lors du lancement du projet, Frédéric Mitterrand a annoncé que le Centre Pompidou mobile commencera son périple en octobre 2011 en s'installant à Chaumont (Haute-Marne), dont le maire n'est autre que Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale (et donc de l'éducation artistique et culturelle). Viendront ensuite Cambrai au début de l'année 2012, Boulogne-sur-Mer en mai 2012, puis des villes (à préciser) en Aquitaine, Le Havre et Aubagne. Dans une interview au quotidien 20 Minutes, Frédéric Mitterrand déclarait il y a quelques jours : "La réponse des villes est plus qu'enthousiaste et nous sommes d'ores et déjà confrontés à un succès d'appel. On en est presque à se dire qu'il ne faut pas trop le faire savoir parce que tout le monde veut y être." Et le ministre d'assurer que le "critère de sélection" des villes sera "la force du désir" qu'elles manifesteront : "Il faut que quand le CPm quitte la ville, les pratiques culturelles locales ne retombent pas dans la torpeur."
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFomp6mpKeybrzOpqeinJ%2Bqeq67waKjnmWcmsBur86lo56bpJ7DqsDErGSipqaewaax0manmqqknrCqvMSr